Choc sans merci

L’avion fonçait dans la nuit froide, tiré par les mille chevaux de son moteur. Il volait très haut et les étoiles semblaient à portée de la main. Il n’y avait pas de lune. Seuls, quelques nuages effilochés dérivaient dans le ciel, éteignant pour un bref moment les points scintillants qui le cloutaient.Paul Gaunce était assis derrière le pilote, sur un siège bas.Mélancolique, il fumait une cigarette qui avait goût d’essence à cent d’octane. Tout l’appareil sentait l’essence.Gaunce laissa glisser sa jambe droite, s’étira longuement, considéra d’un œil morne le sac à parachute qu’il lui faudrait bientôt boucler sur son dos.L’esprit calme, il soupesait ses chances de retour. Elles lui paraissaient minces. C’était comme si on l’avait envoyé explorer Mars ou Vénus, ou combattre des éléphants avec une sarbacane.